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La MANU de MORLAIX

La MANU  de MORLAIX

La Manufacture des tabacs de Morlaix doit être une des plus anciennes de France. Elle existait déjà, en 1689, car nous avons vu, dans les registres de l'hospice, que les enfants de cet établissement travaillaient et faisaient des chevilles pour la manufacture.

En 1667, l'Etat s'étant réservé le monopole de la fabrication du tabac, l'afferma au Sr. Jean Breton. En 1718, ce monopole fit retour à la ferme générale ; c'est alors qu'on dut établir une manufacture dans notre ville de Morlaix. De 1723 à 1747, la compagnie des Indes posséda les tabacs. Cette industrie ayant pris de l'extension, puisque le revenu de 500.000 livres était monté à 4.200.000 livres, la compagnie fut obligée de construire un nouveau bâtiment, qui s'éleva sur le quai de Léon au lieu appelé le Clos-Marant. Pendant les travaux, l'établissement fut transféré provisoirement au manoir de Penan-Ru et les ouvriers se groupant au pied du versant nord de la colline, formèrent le village de Troudoustein. La nouvelle manufacture royale fut terminée, en 1736.

Les bâtiments, qui ont été presque entièrement reconstruits, en 1868-1871, sont immenses, les cours spacieuses, les ateliers vastes et bien aérés, mais le tout est sans caractère architectural et on doit regretter qu'un architecte instruit en même temps qu'homme de goût n'ait pas été chargé de ce travail.

La compagnie des Indes, après avoir fait concevoir de magnifiques espérances, mourut misérablement, et, en 1747 les tabacs entrèrent dans le mécanisme des droits réunis. Ils y restèrent jusqu'au décret de l'Assemblée nationale, en date du 20 mars 1791, qui supprimait le monopole, reconnaissait à tous les Français le droit de cultiver, de fabriquer et de vendre du tabac : à ce moment le revenu de cet impôt s'élevait à trente-deux millions. La manufacture fut fermée et un grand nombre d'ouvriers se trouvèrent sans travail. Ils adressèrent une pétition à l'Assemblée nationale pour demander la création d'une autre manufacture ; leur demande fut rejetée. On ouvrit des ateliers, ce ne fut qu'un palliatif. La misère augmentait et une émeute qui éclata, le 6 mai, fut réprimée par la troupe et la garde nationale. Comme au manque de travail vint s'ajouter la rareté des grains, surtout en l'an III, la classe ouvrière eut beaucoup à souffrir. La municipalité fut alors admirable de dévouement et ne recula devant aucun sacrifice afin de pouvoir faire, tous les jours, une distribution de pain aux malheureux et aux ouvriers sans travail. Elle établit un grenier public et envoya des émissaires de tous côtés pour acheter des grains.

On a beaucoup fait pour améliorer la position des travailleurs et les ateliers présentent, au point de vue de l'hygiène, les conditions les plus satisfaisantes. Un médecin est attaché à l'établissement. Toutes les ouvrières sont associées à une société de secours mutuels — de N.-D. de Bon Secours — et en reçoivent les médicaments, des indemnités de chômage pour cause de maladie, les frais funéraires et une petite retraite. Tout le personnel dépose d'ailleurs une fraction de son salaire à la caisse des retraites pour la vieillesse de l'Etat, ce qui met leur vieillesse à l'abri de la misère. Des cours ont été organisés ; on y donne l'enseignement primaire et on apprend aux femmes la couture. Le personnel supérieur comprend un directeur, un ingénieur, un contrôleur, un sous-ingénieur, un garde-magasin, un premier commis, un second commis, un commis. Le personnel intermédiaire comprend trois grades : les surveillants, les contre-maîtres et le chef de section, un maître-mécanicien. Au-dessous d'eux sont les ouvriers immatriculés au nombre de 150 ; ils gagnent en moyenne 2 fr. 96, et les ouvrières immatriculées sont au nombre de 1670 ; elles ont un salaire moyen de 1 fr. 88 par jour. A ces nombres doit s'ajouter une centaine d'apprenties, ce qui porte le personnel à près de 2.000

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